Quand le corps dit stop - La fièvre comme langage de l’âme
- Alina OPREA

- 7 sept.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 6 jours
Je suis arrivée le 1er septembre avec mille projets en tête. J’avais même décidé que ma première semaine à La Grande Motte serait consacrée à ne rien faire, juste à souffler, à m’installer doucement, à retrouver mon rythme intérieur. Mais la vérité, c’est que je ne savais pas “ne rien faire”. Comme beaucoup d’entre nous, j’étais déjà en train de penser aux prochains pas, aux formations, aux livres, aux rendez-vous manqués avec moi-même.
Alors le corps a pris les commandes. Le 3 septembre, la fièvre est tombée sur moi comme une flamme intérieure. De 38 à 39 degrés, pendant trois jours, elle m’a clouée au lit. Je n’avais plus le choix. Impossible de bouger, impossible de travailler, impossible de “tenir bon”. La fièvre m’a forcée à faire ce que je n’arrivais pas à m’autoriser : m’arrêter.

La fièvre, un signal plus qu’un symptôme
On croit souvent que la fièvre est l’ennemie, qu’elle vient perturber nos plans. Mais elle est peut-être l’expression la plus honnête du corps : elle brûle ce qui doit être brûlé, elle nettoie, elle impose le silence là où l’agitation prend toute la place. Elle nous rappelle que nous ne sommes pas des machines qui traversent le temps sans pause, mais des êtres traversés par des flux invisibles – émotion, fatigue, stress, mémoire.
Dans mon cas, elle a condensé tout :
le poids du voyage,
la séparation avec ma fille et ma petite-fille,
l’excitation et l’angoisse d’un nouveau cycle,
le refus de rester dans l’immobilité alors que j’avais dit que je le ferais.

Quand le corps devient philosophe
La fièvre m’a fait comprendre une vérité simple : nous pouvons promettre beaucoup à notre mental, mais si le corps n’est pas d’accord, c’est lui qui tranche. C’est une forme de sagesse organique. Le corps, ce philosophe discret, sait que nous avons besoin de vide, de lenteur, de digestion intérieure avant de repartir. Il utilise la fièvre comme un langage.
C’est peut-être ça, la véritable santé : non pas l’absence de symptômes, mais la capacité à écouter ce langage sans le nier.
Le paradoxe de “ne rien faire”
J’avais dit : je ne fais rien la première semaine. Mais tant que c’était une décision mentale, je n’y arrivais pas. Il fallait que la fièvre m’oblige. Alors, dans ce lit, tremblante et fatiguée, j’ai découvert le paradoxe : ce que je croyais être une faiblesse était en réalité la condition pour me réajuster. Il a fallu la fièvre pour que je vive enfin le repos que je m’étais promis.
Sens de vie et santé
Cet épisode m’a montré combien nos transitions de vie ne sont jamais neutres. D’un pays à un autre, d’un rythme à un autre, d’une présence à une absence, l’âme cherche ses appuis. Et le corps réagit. La santé ne se résume pas à “ne pas être malade”. Elle est un dialogue constant entre nos choix, nos émotions et nos cellules.
La fièvre du 3 au 5 septembre n’était pas une punition, mais un passage. Un seuil où j’ai dû accepter la vérité : avant de construire, publier, former, écrire… je devais tout simplement être là, au présent, brûler ce qui devait partir, et renaître légère.
Peut-être que toi aussi, lecteur, tu as connu ce genre de fièvre qui ne vient pas seulement du corps, mais de la vie elle-même. Si c’est le cas, souviens-toi : ce n’est pas une défaite. C’est un message. Et parfois, c’est même le plus grand cadeau.



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