Santé au travail dans l’audiovisuel : quand la passion frôle le danger
- Alina OPREA

- 7 nov.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 4 jours
L’audiovisuel, vu de l’extérieur, c’est la lumière des projecteurs, l’adrénaline du direct, la magie d’une caméra qui capte l’instant. Mais derrière l’image finale, il y a des corps fatigués, des dos usés, des silences qui craquent et parfois même, un mal invisible collé aux épaules : la pression, le stress, la peur de ne pas être à la hauteur.
Personne n’en parle vraiment, parce que dans ce milieu on avance, on fait, on tient bon. Pourtant, les chiffres sont clairs : les accidents et les maladies professionnelles y sont bien présents… et souvent évitables.
1. Ce que disent les chiffres (et ce qu’ils taisent)
30 % des professionnels de l’audiovisuel souffrent de douleurs au dos, aux épaules ou aux articulations.
15 % des accidents concernent des chutes, glissades ou trébuchements, souvent causés par des câbles au sol, des décors instables, des déplacements rapides dans l’urgence.
10 % sont liés aux coupures, brûlures ou écrasements : projecteurs brûlants, rails de travelling, flight-cases à déplier.
5 % déclarent avoir été victimes de harcèlement ou de violences psychologiques.
Derrière ces pourcentages, il y a Julie, cadreuse, qui termine ses tournages avec de la glace sur les lombaires. Sofiane, monteur, enfermé 12 heures par jour devant trois écrans et un café froid. Ou encore Léa, assistante de prod, qui sourit en surface mais s’effondre dès qu’elle rentre chez elle.

2. Le dos : première victime invisible des plateaux
Le mal de dos n’est pas un simple “coup de fatigue”. C’est le corps qui dit stop après des heures à porter des caméras, rester accroupi, transporter des pieds de lumière dans des escaliers métalliques. Les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) s’installent doucement. Et un jour, on ne peut plus se lever sans grimacer.
Ce qui change vraiment la donne :
Apprendre à porter sans se démolir la colonne, pas juste “faire attention”.
Ajuster le trépied à sa taille, pas l’inverse.
Utiliser un harnais ergonomique plutôt qu’un système “vite fait”.
Se former. Se former. Se former. À la logique du corps, pas à la performance.
3. Chutes, coupures, matériel : le danger ne prévient pas
Ce ne sont jamais les gros accidents de cinéma. Ce sont les petits gestes du quotidien, répétés sans prévention.
Un câble mal scotché.
Une lumière montée en vitesse.
Un cutter qui glisse en ouvrant un carton.
Un projecteur qu’on touche sans gants après 8 minutes de chauffe.
Prévoir, c’est déjà protéger :
Balisage des zones de passage.
Espaces de travail dégagés, matériel rangé (même quand on est pressé).
Vérification régulière des équipements.
Port des EPI adapté : gants anti-chaleur, chaussures de sécurité légères, casques sur les tournages extérieurs.

4. Harcèlement, épuisement, silence : les risques dont personne ne veut parler
Ce milieu est passionnant, mais il use psychologiquement. Les horaires décalés, les tournages qui finissent à 3h du matin, les chefs stressés, les mails qui tombent à minuit avec écrit “urgent”. Et puis, parfois, les mots qui blessent : “si t’es fragile, t’es pas fait pour ce métier” ou “ici, on n’a pas le temps pour les états d’âme”.
Prévenir, ce n’est pas faire du yoga collectif le vendredi. C’est créer de la sécurité relationnelle : former les encadrants à la communication non violente, apprendre à détecter l’épuisement, ouvrir des espaces où parler ne fait pas perdre sa place.
5. Ce que je propose sur le terrain
Parce que protéger les corps, ce n’est pas une théorie : c’est un apprentissage.
Formation “Acteur PRAP – Prévention des Risques liés à l’Activité Physique” Pour comprendre comment fonctionne le corps, le protéger, analyser les risques et agir.
Formation “Gestes & Postures – Spécial audiovisuel” On apprend à porter une caméra sans se ruiner le dos, à installer du matériel sans se tordre les épaules, à ajuster son poste de montage pour éviter les cervicalgies.
Ces formations sont concrètes, adaptées à vos réalités de tournage et de montage. Pas de PowerPoint poussiéreux — on bouge, on teste, on comprend.
Conclusion : créer des plateaux où le corps et l’esprit respirent
L’audiovisuel restera un métier de passion. Mais la passion sans prévention devient de l’usure. Former ses équipes, c’est protéger des humains avant de produire des images. C’est réduire les accidents, l’absentéisme, mais surtout… c’est permettre à chacun de continuer à aimer ce métier sans s’y perdre.
Besoin de former vos équipes, d’analyser vos risques ou de mettre en place un plan de prévention adapté à votre structure ? Écrivez-moi. On construit ensemble des plateaux plus sûrs, des équipes plus alignées, et des corps qui tiennent dans la durée.



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